Amélioration des rendements du coton
Les rendements du coton sont déterminés non seulement par les compétences des agriculteurs, mais aussi et surtout par des facteurs climatiques tels que la température, l’ensoleillement, la disponibilité de l’eau, les qualités du sol (structure, texture, nutriments et activité biologique), la variété de semence, ainsi que la situation concernant les ravageurs, les maladies et les adventices. Dans de bonnes conditions, le cotonnier peut produire 1 à 2 tonnes de coton-graine par hectare en Afrique tropicale. Toutefois, il suffit que les conditions favorables ne soient pas toutes réunies pour que les rendements soient considérablement réduits. Si les conditions défavorables ne sont que de courte durée (quelques semaines), le cotonnier peut se rétablir grâce à sa capacité de compensation.
Discussions de groupe sur les possibilités d'amélioration des rendements du coton
Formez des petits groupes de 3 agriculteurs ou plus et laissez-les suggérer les différentes manières d'améliorer les rendements du coton. Laissez-les noter leurs contributions sur papier pour en discuter avec le reste du groupe en plénière.
Établissement d’un champ de coton
Le coton est très sensible à l’excès d’eau et à l’engorgement, ce qui entraîne une réduction des rendements par la chute des capsules, même si la plante ne semble pas affectée. Le cotonnier préfère les sols profonds, bien drainés et riches en nutriments. Il pousse idéalement sur le vertisol, riche en argile (également appelé « sol noir à coton »). Les racines pivotantes du cotonnier peuvent en effet pénétrer jusqu’à 3 m dans ce type de sol et sont donc capables de supporter de courtes périodes de sécheresse. Cependant, le coton est également cultivé sur des sites moins favorables, à savoir des sols sablonneux peu profonds, à la fois dans des conditions d’irrigation et de culture pluviale. Cela nécessite toutefois des variétés bien adaptées et de solides pratiques de gestion.
La préparation du sol doit être effectuée tôt, en incorporant des engrais verts ou du fumier animal avant la plantation. Elle vise à garantir l’élimination optimale des adventices afin d’éviter leur prolifération pendant les premières phases de croissance du coton. La plantation doit être effectuée dès le début de la saison des pluies afin que les semences plantées bénéficient d’une humidité suffisante pour germer et se développer. Le coton est planté sur des rangs plats ou sur des billons. Les billons sont utilisés dans les sols difficiles à drainer et dans les régions à faible pluviosité, car ils permettent de conserver l’eau par temps sec et facilitent le drainage en conditions humides.
Les petits exploitants plantent le coton à la main. Environ 3 à 4 graines sont plantées par trou en rangées plates ou en billons. L’éclaircissage est effectué lorsque les plants atteignent 6 à 10 cm de hauteur, en laissant les deux plants les plus vigoureux sur chaque butte. L’écartement optimal dépend de la taille et de la fructification de la plante dans les conditions de culture locales. L’écartement optimal varie de 20 à 50 cm sur les rangs et de 60 à 90 cm entre les rangs, avec un ou deux plants par butte.
Diversification de la production de coton
Le coton est par nature une culture vivace, mais il est couramment cultivé comme une culture annuelle. Contrairement à la plupart des céréales et des légumineuses, le cotonnier a des racines profondes. Sa racine pivotante verticale lui permet d’accéder à l’eau et aux nutriments des couches inférieures du sol. Cela en fait une bonne culture de rotation, relativement tolérante à la sécheresse et aux précipitations variables.
a. Rotation des cultures
Le coton doit être cultivé en rotation avec d’autres cultures pour maintenir la fertilité du sol, briser les cycles de développement des pathogènes du sol et empêcher la propagation des adventices. Le coton ne doit pas être cultivé à répétition dans le même champ. Une autre plante doit être cultivée au moins pendant une saison (deux saisons de préférence) avant la prochaine culture de coton.
Les cultures de rotation devraient inclure des légumineuses telles que le haricot mungo, le niébé ou le pois chiche pour la récolte ou des engrais verts tels que le chanvre ou le niébé, à faucher et à enfouir dans le sol avant la floraison. Les légumineuses comme le haricot mungo, le soja, le pois chiche, le pois d’Angole et l’arachide augmentent la teneur en azote du sol en fixant l’azote de l’air. Toutefois, elles peuvent aussi être commercialisées pour augmenter les revenus agricoles. Les schémas de rotation des cultures appropriés dépendent des conditions climatiques, des exigences du marché et de la disponibilité des terres.
b. Engrais verts et cultures intercalaires
Lorsque le coton est cultivé en association avec le maïs, le sorgho, le haricot ou l’arachide, les ravageurs ont plus de difficultés à se déplacer d’une plante hôte à l’autre. De plus, un certain nombre d’insectes auxiliaires hébergés par les cultures intercalaires permettent de lutter contre les ravageurs. Voici quelques exemples d’association avec le coton :
Le maïs planté un rang sur deux attire la chenille de la capsule du cotonnier.
Le tournesol ou le niébé semés tous les cinq rangs attirent les mites et sont utilisés comme cultures-pièges.
Le ricin (Ricinus communis) attire également les chenilles.La rotation du riz avec le haricot mungo et le coton perturbe le cycle de vie des ravageurs qui attaquent ces cultures.
Pour optimiser l’effet perturbateur, la plantation des cultures intercalaires, des cultures-pièges et des cultures de bordure doit être programmée de telle sorte qu’elles fleurissent en même temps que le coton. En général, on laisse les cultures intercalaires parvenir à maturité avant de les faucher et de les utiliser comme paillage après la récolte des graines.
La diversification des cultures réduit en outre la vulnérabilité aux mauvaises récoltes et à la fluctuation des prix. Elle permet également d’éviter la pénurie de main-d’œuvre pendant les hautes saisons, car les besoins en main-d’œuvre sont répartis plus uniformément tout au long de l’année.
Les engrais verts améliorent la fertilité du sol et peuvent servir de cultures-pièges. Les cultures d’engrais verts comme le chanvre (Crotolaria juncea), le pois sabre (Canavalia ensiformis), le lablab (Lablab purpureus) ou le pois mascate (Mucuna pruriens) sont généralement semés entre les rangs après la levée des plantules de coton. Elles sont fauchées avant ou pendant la floraison et utilisées comme paillis ou incorporées au sol.
Les engrais verts et les cultures intercalaires présentent les avantages suivants :
Ils détournent les ravageurs du coton (notamment les ravageurs suceurs), mais attirent et hébergent les insectes auxiliaires.
Ils absorbent les nutriments du sol et retiennent la matière organique, qui serait autrement perdue par lessivage. La matière organique ajoutée améliore la structure du sol, la rétention d’eau et la fertilité globale du sol.
Les légumineuses utilisées comme engrais verts et les cultures intercalaires fixent l’azote de l’air et fournissent les nutriments nécessaires au coton.
Elles empêchent la croissance des adventices et protègent le sol de l’érosion par la pluie ou le vent.
Elles augmentent les rendements ou servent de fourrage au bétail.
Cependant, les engrais verts et les cultures intercalaires concurrencent la culture du coton pour l’eau, la lumière et les nutriments. Par conséquent, il est très important de semer et de faucher au moment le plus propice pour maximiser le bénéfice et minimiser la concurrence.
c. Agroforesterie
Dans les régions fortement exposées au vent et au gel, une agroforesterie avec des brise-vent doit être envisagée. Différents arbres sont nécessaires pour protéger les cultures du vent et des fortes pluies et fournir de l’ombre, du paillis et du fourrage. Les espèces utiles sont Leucena leucocephala, Moringa oleifera, Faidherbia albidia, le neem et d’autres arbres adaptés qui ne consomment pas trop d’eau et fournissent idéalement de la nourriture et du fourrage supplémentaires tout en servant de paillis. Cependant, les arbres doivent être régulièrement élagués, car les plants de coton ne supportent pas un ombrage trop important.
Group activity on diversification in cotton fields
Demandez aux agriculteurs quelles cultures sont couramment cultivées en même temps ou en rotation avec le coton. Résumez les résultats de la discussion et discutez des avantages et des inconvénients des options proposées, sur la base de l'expérience des agriculteurs. À la fin de la discussion, essayez de vous mettre d'accord avec les agriculteurs sur les schémas de rotation des cultures et de culture intercalaire les plus adaptés aux conditions locales.
Amélioration de la disponibilité de l'eau
Le coton a des besoins en eau importants pour l’apparition des capsules et la reprise de la croissance, mais des conditions sèches sont également nécessaires à la maturation et à la récolte. Dans la production pluviale du coton, l’accent doit être mis sur l’augmentation de l’infiltration de l’eau de pluie dans le sol et sur sa conservation. Les mesures suivantes contribuent à augmenter la disponibilité de l’eau :
L’application de compost et de fumiers biologiques permet d’augmenter la teneur en matière organique du sol, ce qui améliore la structure du sol et augmente l’infiltration et la rétention d’eau.
Un travail du sol minimal et une préparation superficielle (binage) réduisent l’évaporation de l’eau du sol. Le buttage autour des plants en pleine croissance est également une pratique courante pour conserver l’eau.
La couverture du sol avec des matériaux de paillage permet d’en préserver l’humidité et d’éviter la perte d’eau tout en favorisant une activité biologique accrue dans les couches supérieures du sol.
La collecte active de l’eau de pluie dans des fosses ou des tranchées reliées à des puits peut contribuer à rétablir les niveaux des nappes phréatiques et donc à améliorer la disponibilité de l’eau d’irrigation.
En cas de pénurie d’eau d’irrigation, l’irrigation par sillons alternés peut aider à irriguer la culture. S’il ne pleut pas après la germination des plantules, l’irrigation au seau, plant par plant, peut néanmoins permettre de la sauver.
La quasi-totalité de la culture du coton en Afrique subsaharienne est pluviale. La culture irriguée du coton serait techniquement possible par endroits dans les régions très sèches enregistrant moins de 600 mm de précipitations par an. Le rendement supplémentaire résultant de l’irrigation couvre en effet le coût de l’irrigation.
Optimisation de la gestion des adventices
Les stratégies de gestion des adventices du coton comprennent une rotation appropriée des cultures, un travail du sol en temps opportun, une densité de semis adéquate et des techniques de labourage pour éliminer les adventices. Les adventices envahissent les champs de coton à certains moments de la période de croissance :
Au stade initial de la croissance des plantes, les adventices captent des nutriments qui, autrement, seraient perdus par lessivage. Ces nutriments retournent dans le sol et sont alors disponibles pour le coton lorsque les adventices sont coupées. Lorsque le coton a développé un peuplement dense, les adventices ne concurrencent plus significativement la culture principale.
Certaines sont des hôtes importants pour les insectes auxiliaires ou font office de cultures pièges qui détournent les ravageurs du cotonnier. La surveillance attentive des populations d’adventices et un travail du sol minimal combiné à un désherbage manuel sélectif suffisent généralement à maîtriser les adventices.
Il convient de lutter efficacement contre les adventices pendant la préparation du terrain avant le semis. Environ 6 semaines après le semis, toutes les adventices qui ont poussé doivent être éliminées. Cela diminue la nécessité de désherbages ultérieurs et réduit la concurrence des adventices avec les jeunes plants de coton. En principe, le buttage est effectué une fois que les plants de coton ont atteint une hauteur d’environ 0,5 à 1 mètre et il peut être combiné avec un dernier désherbage. L’un des effets positifs du buttage est la réduction de l’évaporation de l’eau.
Amélioration de la fertilité du sol
La bonne stratégie pour améliorer et maintenir la fertilité du sol dans la culture du coton dépend avant tout des types de sol présents dans une exploitation.
Les sols légers ou peu profonds ont généralement des capacités de rétention d’eau et d’échange de nutriments plus faibles que les sols profonds ou lourds. L’application de compost ou d’autres mesures visant à accroître la fertilité du sol sont essentielles pour augmenter la rétention d’eau et l’apport de nutriments et améliorer ainsi la structure du sol. La culture intercalaire de plantes plus résistantes à la sécheresse comme le sorgho, le tournesol, le sésame ou le ricin peut contribuer à réduire le risque de mauvaises récoltes. Le travail du sol doit être peu profond et réduit au minimum afin d’éviter l’érosion du sol et de favoriser l’accumulation de matière organique.
Dans les sols profonds ou lourds tels que le sol noir à coton, un système de production intensif peut être mis en place avec des apports suffisants de fumiers biologiques, une rotation intensive des cultures et des engrais verts. Un travail fréquent et peu profond du sol permet d’améliorer l’aération du sol et l’apport en nutriments. Il réduit également l’évaporation et inhibe la croissance des adventices. Lorsque le coton est bien établi après 6 à 9 semaines, il est recommandé d’appliquer un complément de fumier biologique, tel que le lombricompost ou les tourteaux, et de former des billons afin d’accélérer la décomposition et d’enfouir les adventices.
Il faut veiller à ce que le sol ne soit pas sujet à l’érosion hydrique. En cas de risque d’érosion des courbes de niveau ou des terrasses, d’autres mesures de conservation du sol sont fortement recommandées pour améliorer la fertilité du sol.
Le fumier ou le compost doit également être appliqué avant le travail du sol, de sorte que lors du labourage, les matières organiques puissent pénétrer dans le sol. Du fumier bien composté ou d’autres engrais organiques peuvent remplacer les nutriments extraits et contribuer au maintien de la fertilité du sol. Toutefois, la disponibilité des nutriments pour la culture dépend également d’autres facteurs, notamment une quantité suffisante de matière organique et d’organismes actifs dans le sol, un enracinement profond de la culture et un sol humide. Les besoins en nutriments du coton sont maximaux entre la première floraison et la formation des capsules. Un deuxième petit pic de la demande en nutriments se situe pendant la deuxième poussée végétative, après la première cueillette. Un épandage de fumier biologique pendant cette période critique de croissance contribue à augmenter les rendements.
Discussion sur les types de sols locaux
Partagez avec les agriculteurs leurs expériences avec les types de sols prédominants dans la région et essayez de vous mettre d'accord sur les caractéristiques de ces sols et leur réaction aux approches visant à améliorer leur fertilité.
Discussion sur les fumures appropriées sur l'exploitation et en dehors de l'exploitation.
Demandez aux agriculteurs quels sont les fumiers et les engrais disponibles dans leurs exploitations et ceux qui sont disponibles à proximité. Discutez avec eux de la manière dont l'approvisionnement en nutriments peut être amélioré et des sources alternatives de nutriments qui pourraient être utilisées.
Gestion des ravageurs et des maladies
Le coton est attaqué par un large éventail de ravageurs qui peuvent entraîner des pertes de rendement de 50 à 90 %. Dans la plupart des régions tropicales semi-arides, les maladies ne posent pas de problème majeur dans les champs de coton biologique bien gérés.
Une surveillance précoce, combinée à la connaissance nécessaire de l’écologie des insectes et des outils de surveillance (planchette, biopesticides et conseils) et au soutien professionnel d’experts scientifiques, sera nécessaire pour gérer efficacement les risques.
La recherche sur le coton a fait des progrès considérables en matière d’identification des insectes qui « menacent » le système de production du coton. Dans la quasi-totalité des pays d’Afrique subsaharienne, les chercheurs ont établi la liste des principaux ravageurs du coton :
Ravageurs de début de saison : pucerons (Aphis spp.), aleurodes (Bemisia spp.), chenille enrouleuse des feuilles (Sylepta), punaises (Lygus), etc.
Ravageurs de mi-saison : chenille de la capsule du cotonnier (Helicoverpa armigera), chenille épineuse du cotonnier (Earias spp.), noctuelle du cotonnier (Spodoptera spp.), ver rouge du cotonnier (Diparopsis spp.) et/ou, selon les régions, ver rose du cotonnier (Pectinophora gossypiella) et faux carpocapse (Cryptophlebia leucotreta).
Ravageurs de fin de saison : pucerons (Aphis spp.), aleurodes (Bemisia spp.), punaises rouges (Dysdercus spp.), etc.
Exemples choisis de ravageurs majeurs du coton :
Chenilles américaines du cotonnier (Heliothis (ou Helicoverpa) armigera) - Les jeunes larves se nourrissent de feuilles tendres, de bourgeons, de fleurs et pénètrent ensuite dans les capsules. Pendant qu’elles se nourrissent, leur tête et une partie de leur corps se trouvent à l’intérieur de la capsule. Elles déposent des excréments à la base du trou qu’elles ont foré. De la taille d’une tête d’épingle et de couleur vert jaunâtre, les œufs sont déposés un à un sur la surface des feuilles. La couleur des larves varie du vert vif au noir, en passant par le rose et le marron, avec une face ventrale plus claire. Les chenilles ont le corps rayé de bandes longitudinales alternant entre le clair et le foncé, la tête jaune et les pattes presque noires. Les larves matures se laissent tomber sur le sol pour s’y enfouir et se nymphoser. Les nymphes sont vert jaunâtre et deviennent brunes à mesure qu’elles grandissent. Les papillons adultes sont de couleur grise à brune et ont des taches sombres sur les ailes antérieures. Ils sont actifs la nuit et se cachent dans la végétation pendant la journée. La période totale de développement de l’œuf à l’adulte est d’environ 34 à 45 jours.
Vers gris (Agrotis spp.) - Les larves coupent les plantules souvent au niveau du sol. On peut les trouver dans le sol jusqu’à une profondeur d’environ 5 cm près du plant hôte. Les vers gris se recroquevillent toujours lorsqu’ils sont dérangés. Ils ne se nourrissent que la nuit. Les œufs sont minuscules, blanc nacré, ronds et ont une surface striée. La larve adulte a une couleur brune ou noir brunâtre teintée d’orange. La nymphe est noire ou brune. L’adulte a des ailes antérieures brun foncé avec des taches noires caractéristiques et des rayures ondulées blanches et jaunes.
Pucerons (Aphis gossypii et autres) - Les pucerons ravagent les champs où les populations d’ennemis naturels sont faibles, le fumier est appliqué en grande quantité et les cultures sont soumises à un stress hydrique. Les fortes infestations provoquent le froissement et le recroquevillement des feuilles, la défoliation, la chute des boutons floraux et des capsules et un retard de croissance. Si l’infestation n’est pas trop importante, la plante peut compenser les dégâts. L’excrétion de miellat rend la fibre de coton collante et entraîne des problèmes lors de la filature. Les pucerons sécrètent de grandes quantités d’un déchet liquide sucré appelé miellat. Un champignon, appelé fumagine, se développe sur ce miellat et noircit les feuilles et les branches. Les œufs très petits, d’un noir brillant, sont déposés dans les crevasses des bourgeons, des tiges et de l’écorce de la plante. Les adultes ailés ne se développent que lorsque la colonie doit migrer.
Punaises rouges du cotonnier (Dysdercus spp.) - Les punaises rouges du cotonnier sucent la sève des fleurs, des bourgeons et des capsules de coton. En cas de forte infestation, les capsules ne s’ouvrent pas suffisamment et la qualité de la fibre est réduite en raison des taches résultant des infections fongiques. En suçant les graines immatures, les punaises rouges du cotonnier transmettent des champignons à la fibre et aux graines, ce qui tache par la suite la fibre, lui donnant une couleur jaune caractéristique. Une forte infestation sur les graines affecte le poids de la récolte, la teneur en huile, la capacité de germination de la graine et la valeur marchande du coton. Toutefois, les punaises rouges du cotonnier ne constituent généralement pas un problème majeur dans les champs de coton biologique.
Elles pondent leurs œufs dans le sol ou sous les débris végétaux. Les nymphes ressemblent à leurs homologues adultes, mais n’ont pas d’ailes, ce qui signifie qu’elles ne peuvent attaquer que les graines des capsules ouvertes. Les adultes sont de véritables punaises dotées de pièces buccales perforantes et suceuses. Elles peuvent même sucer les graines logées dans les capsules fermées. Leur couleur varie du rouge vif au jaune et à l’orange, selon l’espèce.
Discussion : La lutte contre les ravageurs dans la production de coton
Afin de comprendre la situation locale des ravageurs et de pouvoir recommander des mesures appropriées, posez les questions suivantes aux agriculteurs :
- Quels sont les ravageurs du coton les plus importants dans leur région ?
- Quelles méthodes préventives et directes sont utilisées pour maintenir les ravageurs en dessous du seuil économique ?
- Quels sont les avantages et les inconvénients de chaque méthode ? Y a-t-il de nouvelles méthodes à tester sur le terrain ?
a. Maintien de la santé des cotonniers
Les cotonniers sains ont des moyens de défense. Ils compensent l’atteinte des pousses et des feuilles par une croissance supplémentaire. Ils produisent également des substances telles que le gossypol qui dissuade les insectes de les manger. Pour améliorer la santé des plants et réguler naturellement les populations de ravageurs, les producteurs de coton biologique ont intérêt à mettre en œuvre les pratiques suivantes :
Les variétés à feuilles velues et à teneur plus élevée en gossypol sont moins sensibles aux attaques des ravageurs et sont donc recommandées.
Un sol fertile et une nutrition équilibrée basée sur l’application de compost et de fumiers biologiques améliorent la santé des plantes. Un travail du sol peu profond et une irrigation soigneuse évitent la sécheresse et l’engorgement et contribuent ainsi à créer des conditions pédologiques favorables.
Des systèmes de culture diversifiés et des habitats naturels autour des champs favorisent le développement de populations d’ennemis naturels comme les oiseaux et les insectes auxiliaires qui aident à lutter contre les ravageurs. La rotation des cultures, les cultures intercalaires et les cultures pièges sont des mesures très efficaces pour prévenir les ravageurs du coton. Les cultures intercalaires comme les légumineuses, les plantes à fleurs et les cultures pièges comme le tournesol ou le maïs détournent les ravageurs des plants de coton. L’expérience de la Tanzanie montre que le tournesol est une culture-piège efficace pour lutter contre la chenille américaine du cotonnier, car ce ravageur préfère le tournesol au coton. On rapporte même que sur les plants de tournesol, les chenilles de la capsule s’attaquent entre elles (cannibalisme). Il est donc recommandé de semer un rang de tournesols tous les 15 mètres en même temps que le coton. En Afrique, des fourmis auxiliaires ont été observées sur les plants de tournesol, ce qui contribue à une lutte efficace contre les chenilles de la capsule.
Si les mesures préventives sont correctement appliquées, les ravageurs dans les plantations de coton biologique ne posent que des problèmes mineurs. Une attaque de ravageurs modérée ne réduit pas de manière significative le rendement du coton. En dessous du seuil économique, le coût et les efforts de lutte contre le ravageur sont plus élevés que les dégâts causés.
En principe, les maladies ne sont pas un problème dans les systèmes de culture du coton biologique, puisqu’une rotation appropriée des cultures et l’utilisation de semences saines et de variétés adaptées permettent leur prévention.
b. Seuils et surveillance par l’observation
Une surveillance régulière du niveau des populations de ravageurs dans les champs de coton pendant la période de croissance critique, qui commence environ 4 semaines après le semis et dure jusqu’à la deuxième récolte, constitue la clé d’une gestion réussie des ravageurs du coton biologique. En effet, la surveillance permet de savoir quand une population de ravageurs atteint le seuil économique et que des mesures de lutte directe deviennent nécessaires. Le tableau suivant indique les seuils recommandés pour les principaux ravageurs du coton. Ils doivent cependant être vérifiés et adaptés aux conditions locales.
Ravageur | Seuil (selon les pratiques américaines) |
Chenille américaine du cotonnier (Helicoverpa) | 1 larve pour 5 plants, 5-10 % de dégâts aux capsules ou 15 boutons floraux évasés troués sur 30 plants |
Ver rose (Pectinophora) | 5 % de fleurs en rosette |
Chenille tachetée (Earias) | 1 larve pour 5 plants, 5-10 % de pousses ou de capsules endommagées |
Noctuelle du cotonnier, chenille défoliatrice (Spodoptera) | 2 larves pour 10 plants ou 3 feuilles squelettisées avec de jeunes larves |
Punaise rouge | 2-3 individus par feuille |
Pucerons | 20 % de plants infestés |
Jassides | 5-10 insectes par plante |
Thrips | 5-10 nymphes/adultes par feuille |
Acariens | 5 % de plants infestés |
Aleurode | 5-10 nymphes/adultes par feuille |
Pour la surveillance des populations de chenilles américaines du cotonnier, les agriculteurs de certains projets cotonniers africains utilisent de simples planchettes d’inspection.
Utilisation d’une planchette pour la surveillance des chenilles américaine du cotonnier :
L’inspection commence 8 semaines après la germination et est répétée chaque semaine jusqu’à l’ouverture des capsules.
Elle s’effectue en traversant le champ sur deux diagonales, en commençant à l’un des angles, 5 pas à l’intérieur.
Tous les 5 à 10 pas, un plant de coton est inspecté en comptant tous les nouveaux boutons floraux évasés (ceux dont la forme a été modifiée par l’attaque de la chenille de la capsule ; pas les boutons floraux tombés). Pour chaque bouton floral évasé, la fiche à la droite de la planchette est avancée d’un trou.
L’inspection du plant terminée, la fiche à la gauche de la planchette est avancée d’un trou.
Sur chaque diagonale, 15 plants sont examinés en avançant les fiches à chaque plant inspecté. Après l’inspection des plants situés sur la première diagonale, les plants situés sur la deuxième diagonale sont inspectés.
Le processus est poursuivi jusqu’à ce que 30 plants aient été inspectés ou que 15 boutons floraux évasés aient été comptabilisés. Lorsque la fiche pour les boutons floraux évasés se trouve dans la zone rouge, le seuil économique est atteint et la pulvérisation d’un pesticide naturel le jour même est recommandée. Aucune pulvérisation n’est recommandée lorsque moins de 15 boutons floraux évasés ont été comptabilisés.
c. Lutte directe contre les principaux ravageurs du coton
Des mesures de lutte directe telles que la pulvérisation de préparations botaniques (neem ou derris p. ex.) ou les pulvérisations microbiennes de Bt (Bacillus thuringiensis) ou de NPV (virus de la polyhédrose nucléaire) ne doivent être utilisées que lorsque les mesures préventives s’avèrent insuffisantes pour maintenir les ravageurs en dessous du seuil économique.
Le meilleur moment pour la pulvérisation est le matin, entre 8 et 11 heures. Il n’est pas recommandé de pulvériser après la pluie ou lorsque les plants sont encore humides, car l’efficacité est réduite.
Les principaux ravageurs du coton tropical sont les chenilles de la capsule (espèces Helicoverpa, Pectinophora et Earias). Si les populations de chenilles de la capsule atteignent le seuil économique, différentes méthodes de lutte directe sont disponibles. Les préparations microbiennes de Bt et de NPV peuvent être utilisées contre la chenille américaine du cotonnier (Helicoverpa armigera). Les pièges et distributeurs de phéromones attirent les papillons adultes et empêchent ainsi la ponte des œufs. La pulvérisation de préparations de neem et d’extraits botaniques locaux est une méthode bon marché pour lutter contre la chenille de la capsule et autres ravageurs. En Inde, les agriculteurs biologiques utilisent avec succès des pulvérisations d’urine de vache diluée et de babeurre. Cependant, la plupart de ces pulvérisations affectent également les populations d’insectes auxiliaires et ne doivent donc être utilisées qu’en cas de nécessité.
Les pucerons (Aphis spp.) et les aleurodes (Bemisia spp.) sont des ravageurs secondaires typiques. Ils possèdent un large éventail d’ennemis naturels dans des conditions de croissance naturelles. Si aucune pulvérisation d’insecticides de synthèse n’est utilisée, les pucerons et les aleurodes sont en principe moins nombreux. Toutefois, les parcelles de coton biologique de petite taille éparpillées autour d’une zone de culture de coton conventionnel peuvent servir de refuges aux pucerons et aux aleurodes provenant des champs conventionnels pulvérisés à proximité.
Démonstration sur le terrain : Surveillance du ver de la capsule à l'aide d'un tableau d'affichage.
Expliquez le concept de surveillance et l'utilisation du tableau d'affichage à l'aide du transparent 12. Si possible, visitez un champ de coton voisin et faites une démonstration de l'utilisation du tableau d'affichage pour la surveillance du ver de la capsule ou d'autres insectes.